2017 06 15 Restauration du vitrail Tour d’Ivoire Maison d’Or

     Commencée début avril et achevée fin mai, la rénovation du vitrail central côté sud Tour d’Ivoire Maison d’Or  a été entreprise par Mme Chantal Godet-Cheneval qui a déjà restauré les 3 vitraux côté nord. Les travaux effectués cette année nécessitaient la restauration complète de 4 panneaux en plusieurs étapes successives.

DSC_0940 La première était d’associer le maximum de pièces anciennes avec des pièces neuves. Les travaux réalisés par Basile Louineau et son atelier en 1862 constituent une belle manufacture. Cependant la réalisation a parfois manqué de rigueur ce qui rendait obligatoire quelques adaptations causées par une géométrie parfois approximative. La seconde étape fut la dépose des panneaux. Cette opération est très délicate car il faut enlever avec le plus de précautions possibles les ciments qui fixent le vitrail sur son armature de façon à pouvoir le détacher sans risque de l’abîmer encore plus. Toutefois avant de dessertir il faut reprendre le graphisme des plombs et le dessiner sur le patron de montage qui va servir de base à toute l’opération de rénovation des pièces abîmées. Après le dessertissage la troisième étape consiste à faire l’inventaire des pièces d’origine et à les remettre au fur et à mesure sur le patron. Celles-ci sont ensuite nettoyées au vinaigre et à l’eau. La quatrième étape voit la fabrication des pièces neuves : 150 en tout dont une centaine sur laquelle il a fallu appliquer des  » grisailles « ,  occasionnant pour certaines deux cuissons dont une à 650° pour que ces grisailles s’intègrent parfaitement dans la structure interne du verre. DSC_0957

Une cinquième étape consiste à créer des gabarits pour reconstituer les pièces qui composent les vitraux à partir de verres neufs en essayant de respecter au plus près la couleur d’origine. Après quoi chaque verre est serti au plomb et doublé d’une soudure à l’étain à chaque intersection, opération à laquelle s’ajoute la pose d’un mastic liquide à l’intérieur des  » ailes « , le mastic apportant un film protecteur. Une fois ces opérations faites, l’ensemble est nettoyé à la sciure de bois.

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La dernière intervention consiste à fixer les attaches qui enroulent les  » vergettes « , grandes tiges en fer rond qui traversent le vitrail dans sa largeur. Avant de réinstaller les parties ainsi rénovées, il faut nettoyer les  » feuillures  » et mettre un peu de mastic au fond de celles-ci, d’une part pour que le vitrail reste bien plan une fois posé, d’autre part pour assurer l’étanchéité extérieure.

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La dernière étape sera la pose des parties rénovées, puis il faudra fixer les  » vergettes  » sur les traverses métalliques en »  fer à té « . Il faudra enfin sceller définitivement en maçonnant au sable blanc.

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Ces quelques indications techniques permettent de se rendre compte de la difficulté de l’opération qui nécessite de nombreuses compétences à la fois techniques et artistiques … ainsi que beaucoup de patience. Une fois encore, merci à Mme Godet – Cheneval pour cette rénovation de très belle facture. Nos remerciements vont aussi à l’entreprise Michel LAURENT de La Mothe – Achard pour le prêt et l’installation de l’échafaudage indispensable à cette opération.

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Pour compléter ces remarques, voici quelques informations relatives à  l’art du vitrail au XIX ème siècle.

La « redécouverte » du Moyen-Age, spécialement de la période gothique, s’accompagne de recherches passionnées sur les arts de cette époque. Cette situation profite au vitrail qui connait un essor exceptionnel en Europe, d’autant que le XIX ème siècle correspond à un moment de restauration de la foi catholique en France.C’est l’époque où les chimistes sont mis à contribution pour retrouver les procédés de la technique traditionnelle du vitrail; ils rencontrent des difficultés pour maîtriser la fabrication de certains verres de couleur, la composition et l’application de la grisaille. La pratique des restaurations qui se multiplie après 1840 fait faire de grands progrès techniques aux praticiens dont ils s’inspirent pour concevoir leurs propres créations.

Le vitrail civil fait son apparition et devient alors un élément essentiel du décor de la demeure et de l’édifice public et commercial. L’art japonais connait une grande vogue : la faune et la flore des estampes deviennent des références obligées pour les verrières des cages d’escalier. Les prémices de l’Art nouveau s’annoncent.

Au XX ème siècle, la production du vitrail stoppée par la Première Guerre reprend rapidement après 1920 : la reconstruction d’édifices religieux apporte de nombreux travaux aux maîtres-verriers qui, pour la plupart, essaient de s’affranchir des conventions du siècle précédent. Le symbolisme exprimé dans les vitraux entraîne une épuration des formes, un abandon des surcharges décoratives et un retour à une coloration naturelle.