Jean-Emmanuel MERCIER – Sculpteur Sablais

JEAN-EMMANUEL MERCIER : UN SCULPTEUR SABLAIS (1743-1821)

1 – La famille

Il naît le 4 septembre 1743 aux Sables d’Olonne, dernier né d’une fratrie de 19 enfants. Il est issu d’une famille de maîtres-cordiers de vieille souche sablaise.

Son père, Hilaire Mercier (1694-1785), bien connu sur la place, tenait une forge prospère grâce aux commandes des riches armateurs des Terre-Neuvas.

2 – L’apprentissage

Âgé de 12 ans, Jean-Emmanuel commence son apprentissage de sculpteur et de doreur dans l’atelier de son frère Hilaire (1722-1795), son aîné de 21 ans. Celui-ci, découvrant son talent, l’envoie à Paris à l’âge de 26 ans pour y suivre les enseignements de l’Académie Royale de peinture et de sculpture. Il figure sur la liste des élèves en 1769 et est noté « protégé par van Loo ». Il revient aux Sables en 1773 pour y travailler à nouveau auprès de son frère et sculpte statues, boiseries, autels, figures de proue …

Commence ensuite la période d’activité proprement dite à l’âge de trente ans.

3 – La période créatrice

L’une de ses premières œuvres importantes est, toujours avec son frère, la décoration du château de Pierre Levée à Olonne sur Mer. Ce bâtiment est édifié par Luc Pezot receveur des tailles et armateur sablais, au troisième quart du XVIIIe siècle, sur le modèle du Petit Trianon de Versailles.

L’atelier des Frères Mercier réalise ensuite le retable de l’église St Hilaire de Talmont St Hilaire ainsi que le tabernacle de l’église St Pierre des Clouzeaux.

Bénéficiant d’une aura particulière près des notables sablais, les membres de la fabrique* de Notre-Dame de Bon-Port le chargent de la décoration du choeur*. Ils lui confient la réalisation d’un « maître-autel à la romaine »* avec son tabernacle, béni le 9 novembre 1783 par Brumauld de Beauregard, chanoine de Luçon. Ce tabernacle est placé aujourd’hui à côté du baptistère.

Tabernacle : Notre-Dame de Bon Port

DSC_0199

           Détail du Tabernacle

DSC_0201

Enthousiasmé par la qualité de ses réalisations, la même fabrique lui commande une superbe Piéta, actuellement dans la chapelle de la Croix, puis une Assomption et une statue de la Vierge dite statue de Notre-Dame du Coin. Cette dernière peut être admirée aujourd’hui dans l’église Notre-Dame de l’Assomption de Brétignolles.

DSC_0218
*La fabrique
, au sein d’une communauté paroissiale catholique, désignait un ensemble « de décideurs » (clercs st laïcs) nommés pour assurer la responsabilité de la collecte et l’administration des fonds et revenus nécessaires à la construction puis l’entretien des édifices religieux et du mobilier de la paroisse.

Les fabriques sont supprimées par la loi de séparation des Eglises et de l’Etat en 1905.

Dans les trois départements Moselle, Bas-Rhin et Haut-Rhin les fabriques existent comme établissements publics.

*Jean-Emmanuel Mercier remplace l’ancien autel par un autel en bois peint doré, couronné d’un baldaquin et dominé par une Assomption de la Vierge.

*Un autel à la romaine est un autel qui n’est pas adossé à un mur ou à une autre structure.

4 – La Révolution

Au cours de ces temps troublés, Jean-Emmanuel Mercier protégera ses œuvres en les enfouissant sous les grains de blé des chapelles transformées en greniers. Grâce à sa détermination et malgré les saccages subis par l’église Notre-Dame de Bon-Port, il réussit à sauver l’essentiel du maître-autel bien que des déprédations soient à noter sur le baldaquin et le tabernacle.

En revanche, la Descente de Croix du grand calvaire montfortain sera sacrifié pour la défense de la Ville.

5 – La restauration de l’autel de l’église Notre-Dame de Bon-Port

En 1800, afin de restaurer le baldaquin, Mercier remplace l’autel par le maître-autel de l’abbaye Sainte-Croix qui, mis sous scellé, avait été protégé des exactions des révolutionnaires. C’est en 1807 qu’il le réinstalle avec le nouveau tabernacle dans le choeur. L’autel restauré sera déposé en 1890 et remplacé par le ciborium actuel (baldaquin surmontant l’autel) abritant un autel de marbre, de Monseigneur Robert du Botneau. L’autel sans le baldaquin et le tabernacle seront vendus à l’église St Martin de Vertou de l’Ile d’Olonne où ils s’y trouvent toujours.

En 1828, le sculpteur nantais Thomas Louis, élève de Jean-Emmanuel Mercier, réalise un nouveau groupe de l’Assomption, situé actuellement au-dessus de l’orgue; en 1834, il pose la chaire.

DSC_0220AssomptionThomas Louis

La chapelle du collège Notre-Dame de Bourgenay

Cette chapelle fut érigée en 1826. L’autel des Bénédictines (celui de l’abbaye Sainte-Croix) qui avait été placé dans le choeur de l’église Notre-Dame de Bon-Port pendant sa restauration, est alors déposé dans la chapelle de tous les Saints. Il faudra attendre 1862 pour que celui-ci retrouve sa splendeur et soit installé dans la chapelle des Ursulines, actuelle chapelle du collège Notre-Dame de Bourgenay. Le baldaquin qui surplombe le maître-autel de cette chapelle a été placé quand a eu lieu la consécration de la paroisse Notre-Dame de Bon-Port en 1890. L’archiprêtre Robert du Botneau le remit aux religieuses, l’ayant remplacé à Notre-Dame par le ciborium actuel.

DSC_0176

6– Des réalisations multiples

Cependant le sculpteur sablais ne se limite pas à l’autel de Notre-Dame du Bon-Port. Il réalise, dans cette même église, les sculptures de la Piéta située dans la chapelle de la Croix (voir ci-dessus), l’Assomption de la Vierge ainsi qu’un autel et un retable en bois peint dans la chapelle Saint-Michel avec, dans une niche, « l’Ange gardien protégeant un enfant du démon de la tentation ».DSC_0208

DSC_0216

Sa dernière œuvre sera pour les Sables d’Olonne avec le « Christ en bois » du calvaire du cimetière de la côte dont seul le buste reste visible dans l’église Sainte-Anne de la Chaume.

L’église St Nicolas de la Chaume, anciennement Ste Anne

A l’origine, il s’agissait d’un oratoire dédié à Sainte-Anne, mère de la Sainte Vierge. Cet édifice religieux, agrandi, est devenu l’église paroissiale de la Chaume après que l’armée s’est emparée du prieuré St Nicolas en 1779. De fait, le nom du saint patron de la Chaume s’est substitué à celui de Sainte-Anne.

Outre les Sables d’Olonne, la réputation de Jean-Emmanuel Mercier s’étendit sur toute la Vendée :

- tabernacle de la cathédrale de Luçon commandé par le conseil de Fabrique en 1808

- statues polychromes de St Hilaire et St Louis dans l’église de Soullans

- statue Notre-Dame du Coin à Brétignolles

- retable de l’église St Hilaire de Talmont St Hilaire

- statue de St Pierre de l’église St Pierre de Talmont St Hilaire

- tabernacle de l’église St Pierre des Clouzeaux

- statue de St Jean-Baptiste et le maître-autel de l’église St Nicolas de la Chaize le Vicomte.

Il s’éteint le 18 octobre 1821 en sa demeure de la rue de l’Hôtel de Ville des Sables d’Olonne.

 

 

 

Enregistrer