Festival José David 2022

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   C’est  à un voyage en Amérique du Nord, celle des USA que nous conviait Magali Goimard pour cette neuvième édition du Festival José David. le titre commun aux trois concerts de musique classique était :  » Sur un air américain  » .
 » L’oeuvre de José David n’est pas étrangère au continent nord-américain puisque la pianiste Colette Giraud a joué sa musique au Carnegie Hall de New-York, son quatuor à vents a été créé en 1986 à l’université d’Arkansas et José David lui-même a conçu avec le musicologue américain Alan Pedigo une importante encyclopédie dédiée à un choix de sonates pour piano et violon, publiée en 1979  » .
    Tels étaient les propos prononcés par Magali Goimard en ouverture du Festival 2022.
Un public nombreux était venu écouter du piano à quatre mains, qu’il s’agisse de l’allegro de la  » Sonate op 10  » de Mozart, des « Summer dreams » d’Amy Beach –  musique entraînante et joyeuse qui donne envie de danser –  de la » Parade  » d’Erik Satie ou du célèbre  » Tea for Two  »  de Vincent
Youmans adapté pour piano à quatre mains. Magali Goimard et Ludovic Selmi – devenu un habitué du Festival – s’en donnaient à coeur joie dans l’interprétation de ces différentes pièces et montraient une nouvelle fois toute l’étendue de leur talent avec une complicité évidente.
Mais le Festival José David est aussi l’occasion d’entendre de belles voix. Ce fut d’abord celle de la mezzo-soprano Julie Nemer, extraordinaire à la fois dans Hans Eisler et le  » Vier Weigenlieder fur Arbeitermütter  » ainsi que dans la chanson de l’Opéra de quatre sous  » Jenny la Pirate « , qui n’était pas sans rappeler Marlène Dietrich dans l’Ange bleu. Julie avait dans un registre totalement différent montré d’autres facettes de son art du chant en interprétant avec beaucoup d’expressivité et un talent de comédienne affirmée deux mélodies de Samuel Barber dont le très romantique  »  » Un cygne  » d’après un poème de Rilke, l’accompagnement pianistique de Magali Goimard suggérant admirablement le déplacement du bel oiseau blanc sur l’eau.
Ce talent de comédienne, Cécilia Arbel sut aussi le montrer dans les interprétations variées des différentes oeuvres proposées au public. Ainsi la découverte par l’auditoire de très belles mélodies de José David, notamment les  » Vierges au crépuscule  » sur un poème d’ Albert Samain, dans un style très proche de Debussy, et d’une façon très humoristique et enjouée dans  » La Leçon de chant  » – variation sur les sept notes de la gamme -, rappelant que José David fut, après la seconde guerre mondiale, professeur au Conservatoire de Paris. Le piano de Magali Goimard mettait bien ces mélodies en valeur, comme  l’avait fait auparavant Ludovic Selmi dans  » La Valse Chantée du Voyage dans la Lune  » d’Offenbach, racontant l’histoire de ce prince persuadé que la femme de ses rêves se trouve dans la lune.
Dans son programme de  » compositeurs américains  » Magali Goimard n’avait certes pas oublié Michel Legrand – couvert d’honneurs aux Etats-Unis – et c’est dans les   » Rêves secrets d’un prince et d’une princesse « , extrait de Peau d’Ane de Jacques Demy que le public avait le plaisir de retrouver le ténor Ismaël Billy interprétant avec Julie Nemer cette très belle mélodie, toute en nuances et finesse.
Cette soirée riche en compositions diverses ne pouvait s’achever que par un hommage à l’un des plus grands compositeurs américains du XX ème siècle : Léonard Bernstein. Un tonnerre d’applaudissements saluait la prestation virevoltante et non dénuée d’humour – une fois de plus – dans l’extrait de l’opéra Candide.   » Difficile de passer après ça  » avouait Ismaël Billy avant de nous interpréter le célèbre  »  Maria  » de West Side Story qui n’avait rien à envier à Richard Beymer le créateur du rôle. Cécilia le rejoignait pour l’inévitable duo  » Tonight  » qu’on ne se lasse jamais de réentendre, chacune de ces interprétations acompagnée par les deux pianistes de la soirée avec un entrain et une joie communicative sans oublier parfois la retenue nécessaire.
Insatiable et peu avare d’applaudissements, le public en redemandait et toute la joyeuse troupe achevait une soirée de près de deux heures par l’un des  » tubes  » de  cet opéra :  » América « .

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        Après la » Fantaisie lyrique  »  du 16 août, Magali Goimard entraînait le fidèle public du Festival de  » Prague à New-York « , réalisant un équilibre habile entre compositeurs d’Europe centrale ayant vécu aux Etats-Unis et compositeurs américains eux-mêmes.
Le concert commençait avec la  » Sonatine op 10 pour piano et alto  » de Dvorak avec pour interprètes Hélène Desaint -désormais bien connue du public – et Magali Goimard. Cette sonatine jouée avec beaucoup d’entrain se rapprochait de l’élégie, notamment dans le second mouvement  » Indian lament  » . N’oublions pas qu’avant d’être compositeur, Dvorak fut d’abord altiste et rappelons aussi qu’il manifesta un grand intérêt pour le blues et le folklore américain, folklore que l’on devine dans le finale de cette  » Sonatine  » et que les deux interprètes ont si bien su transmettre. Le public ne s’y trompa pas qui récompensa par des applaudissements fournis cette belle interprétation. Aussitôt après, Cécilia Arbel chantait avec l’engagement qui la caractérise un extrait du dernier opéra de Dvorak Armida, écrit en tchèque et qui raconte l’ histoire tragique de la Petite Sirène. Là aussi, par moments le chant était proche de l’élégie et le finale empreint d’une profonde détresse révélait tout le chagrin de la presque enfant devant l’impossibilité de se faire aimer.
Après ce moment d’émotion intense suivaient deux oeuvres instrumentales. D’abord le scherzo de la  » Sonate pour flûte et piano  » de Prokofiev puis les  » Seven épisodes pour flûte, alto et piano  » de Louise Talma dont Magali Goimard nous faisait découvrir l’existence. Le son d’une grande pureté de la flûte de Jérôme van Wynsberge  parfois virevoltante, lié à l’énergie que manifeste Hélène Desaint avec son alto  et la toujours dynamique Magali Goimard au piano donnaient de ces deux oeuvres une interprétation à la fois enthousiaste et nuancée. Rappelons au passage la volonté de Magali de faire découvrir des compositeurs et compositrices tombés dans l’oubli. Ce fut le cas ce jeudi soir pour Louise Talma, excellente pianiste en son temps, qui fut l’élève de Nadia Boulanger au conservatoire américain de Fontainebleau. Entre la   » Sonate  » de Prokofiev et les  » Seven épisodes  » de Louise Talma Hélène Desaint nous avait fait entendre l’  » Elegy  » de Stravinsky, oeuvre exigeante, parfois austère dont l’altiste nous révéla toute l’intériorité. Juste avant la pause, Cécilia Arbel nous interpréta avec tout le talent qui la caractérise deux courtes et belles mélodies de José David  » D’été en été  » et  » Je ne suis que cet enfant  » dont le public découvre au cours des festivals successifs toute la richesse et la beauté.
A la reprise, les quatre complices d’un soir nous faisaient entendre les  » Songs pour voix, flûte, piano et alto  » d’Amy Beach, compositrice là aussi découverte lors du premier concert de cette neuvième édition. Suivait le  » Trio pour flûte, alto et piano  » de Bohuslav Martinu – compositeur tchèque trop méconnu – dans une interprétation toute empreinte d’entrain et de gravité. Cécilia Arbel de sa voix chaude et vibrante offrait une interprétationtoute personnelle du célèbre  » Summertime  » extrait de Porgy and Bess avant que le concert ne s’achève par  » I could have danse all night  » extrait de My fair lady qui réunissait une ultime fois les quatre interprètes dans une interprétation  harmonieuse.
Pas tout à fait quand même, car les applaudissements chaleureux d’un public enthousiaste les faisaient revenir tous les quatre pour interpréter l’  » Aria  » de la musique du film Il était une fois dans l’Ouest signée Ennio Moriconne.

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 » Autour d’un violon virtuose  » ! Pour ce troisième et dernier concert, Magali Goimard avait choisi de mettre à l’honneur le violon et le Festival avait le plaisir d’accueillir pour la première fois le jeune violoniste François Pineau Benois qui allait, seul ou avec Magali au piano ou encore accompagnant le ténor Ismaël Billy et la soprano Cécilia Arbel, enchanter le public par la qualité de son jeu, tout d’intensité et de finesse. Comme pour les deux concerts précédents, Magali réunissait des compositeurs liés à l’Amérique, qu’il s’agisse de Rachmaninoff arrivé aux USA le jour de l’Armistice, de Kreisler ou Korngold fuyant l’ Allemagne nazie. C’est avec la célèbre  » Chaconne en sol mineur pour violon et piano  » que débutait la soirée, jouée d’emblée avec beaucoup d’allant, le violon étant soutenu par le piano énergique de Magali Goimard. Allaient suivre le  » Prélude en do# mineur op 3 pour piano  »  qui avait déjà fait la réputation de Rachmaninoff avant son arrivée en Amérique , montrant une nouvelle fois que Magali Goimard n’est pas seulement une excellente accompagnatrice.
Le public fut aussi sensible au  » Récitatif / Scherzo  » pour violon seul de Kreisler, dédié à Eugène IsaÏe , la virtuosité n’excluant pas des passages plus recueillis. A nouveau associé à Magali Goimard, le jeune violoniste fit preuve de toute la richesse de son jeu dans la sonate pour violon et piano de José David – nouvelle découverte du compositeur sablais – et celle de Ravel avec une interprétation magistrale de  » Blues  » et  » Perpetuum mobile  » rappelant tout l’intérêt de Ravel pour le jazz. François Pineau Benois montra aussi qu’il pouvait être un excellent accompagnateur avec la pianiste Magali Goimard. Ainsi dans l’oeuvre de l’italien Francesco Cinea où Ismaël Billy chanta avec une grande vigueur mêlée d’émotion la détresse de l’amoureux transi, soutenant Cécilia Arbel dans deux airs d’opéra de Korngold où grâce et élégance se mêlaient à la profondeur du sujet. La fin du concert se fit plus légère, l’archet sautillant et vigoureux mettant en valeur les variations d’ Henri Vieuxtemps sur l’air folklorique américain  » Yankee Doodle  » qui déclencha un tonnerre d’applaudissements.
La soirée s’achevait sur l’air de Cole Porter  » C’est magnifique  » remis au goût du jour voici quelques années par Roberto Alagna où les quatre complices laissaient échapper toute la joie et la décontraction nécessaires à l’interprétation de cette chanson.

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    Le  » verre de l’amitié  » d’après-concert servi sur le parvis de la chapelle se fit aux éclats lumineux du feu d’artifice donné en l’honneur de la Golden Globe Race. Musique et Course au large s’associaient pour clore en toute beauté ce neuvième Festival , riche en émotions de diverses natures.
N’oublions pas non plus l’innovation de cette année : les deux ciné-concerts du mercredi 17 et du vendredi 19 août qui nous ont permis de voir des films muets avec improvisation musicale dont le fameux  » The immigrant » de Chaplin. L’expérience ne demande qu’à être renouvelée.
Il ne nous reste plus qu’à attendre août prochain pour la dixième édition qui sera nous n’en doutons pas tout aussi palpitante.

J D S du 01-09-2022