Pour sa sixième édition, le Festival José David avait quitté, travaux obligent !, la Chapelle du collège Notre-Dame de Bourgenay pour s’installer, grâce à la bienveillance de la municipalité des Sables d’Olonne, au Prieuré Saint Nicolas, face à la mer. Ce changement de lieu n’a en rien empêché les mélomanes de venir en nombre découvrir ou réentendre des artistes de grand talent venus interpréter le programme concocté comme c’est le cas chaque année par la directrice artistique du Festival Magali Goimard.
Innovation pour le premier concert puisque ce sont deux guitaristes qui avaient l’honneur d’ouvrir le Festival, placé cette année sous le signe de la musique romantique. Après que Magali Goimard eut débuté la soirée avec la pièce de José David » Face à l’océan » , le public put découvrir les belles sonorités de la guitare romantique, soit dans des arrangements d’opéra, de Méhul et Dalayrac, soit dans une transcription de l’adagio du « Quatuor opus 2 n° 2 « de Haydn. Après nous avoir fait découvrir la musique d’un compositeur injustement oublié, Victor Magnien, les deux artistes, après un bref entracte, revenaient sur scène pour nous interpréter, sur guitares classiques modernes cette fois-ci, un ensemble d’oeuvres de musique espagnole pour l’essentiel, de Granados à Manuel de Falla jusqu’à Ida Presti ( exception faite de Debussy et son » Clair de lune » et de l’ » Evocation vespérale » de José David, spécialement créée pour deux guitares ). Quels que soient les airs interprétés, les auditrices et auditeurs purent apprécier ce vendredi soir toute la poésie, la délicatesse ainsi que les sonorités lumineuses et parfois plus vives que les deux interprètes surent tirer de leurs instruments, tout en prenant soin de nous présenter, non sans humour parfois, les morceaux joués. Le public, conquis rappelait les deux acolytes qui nous offraient le plaisir d’entendre en bis la « Première danse espagnole » de Manuel de Falla. Le Festival était lancé avec une musique d’une haute qualité, tant dans les oeuvres proposées que dans leur interprétation, que n’allaient pas démentir les deux concerts à suivre.
En effet, le samedi 24, les habitués Festival retrouvaient Cécilia Arbel accompagnée cette année du pianiste Ludovic Selmi pour un spectacle alternant des oeuvres majeures de Chopin, Valses, Polonaises, Nocturnes et des airs de Bel Canto extraits de quelques-uns des plus grands opéras du répertoire. Une fois de plus, la soprano, invitée régulièrement aux Sables d’Olonne depuis 5 ans a séduit le public par la beauté de son chant et l’expressivité de ses gestes, particulièrement émouvante par exemple dans le désespoir de Lucia di Lammermoor après le meurtre de son mari dans la « Scène de la folie » qui achève l’opéra de Donizetti.
Ludovic Selmi quant à lui avait ouvert la soirée en interprétant avec une profonde délicatesse la pièce la plus célèbre de Chopin l’étude opus 10 n° 3 » Tristesse ». Par la suite son jeu plein de fougue, se faisant parfois plus tendre ou mesuré, rendait avec la plus grande conviction toute la beauté et la richesse du compositeur polonais particulièrement attaché à sa terre natale. Le public fit une véritable ovation aux deux artistes qui remercièrent le public par un double rappel dont la valse » J’ai rêvé que j’étais aimée éperdument » .
Le Festival tenait toutes ses promesses et le dernier concert n’aurait rien à envier aux deux précédents puisque Magali Goimard retrouvait le piano pour se faire la complice de l’altiste Hélène Desaint qui fit découvrir sans doute à la plupart des auditrices et auditeurs son immense talent, le jeu des deux instrumentistes étant d’une telle qualité que l’on percevait une écoute absolue dans l’assistance, comme dans la Romance n° 1 de Clara Schumann. Les deux artistes soulevèrent enfin l’enthousiasme du public par leur magistrale interprétation du » Grand Tango » d’Astor Piazzolla. Entre temps, Cécilia Arbel les avait rejointes et le trio ainsi constitué créa avec beaucoup d’expressivité l’ » Ave Maria » ( sans doute extrait d’une messe ) de José David. Le public ne voulait pas laisser partir ces trois interprètes qui le remercièrent en interprétant d’abord l’andante de la sonate de Brahms pour piano et alto, le concert s’achevant par l’élégie de Massenet.
Ces interprètes, chacun dans leur domaine, ont enchanté une nombreuse assistance, conquise chaque soir par des interprétations d’une grande richesse musicale et les rappels systématiques allant parfois jusqu’à l’ovation ont été autant de remerciements du public.
Comme chaque été,le jeune public n’était pas oublié, convié le samedi à 14h30 à l’écoute du conte musical « Le tapir amoureux » de Michèle Goimard, sur des musiques pour violon et alto de Robert Schumann.
L’ édition 2019 du Festival José David a une nouvelle fois proposé aux mélomanes sablais ou de passage d’apprécier une musique riche et variée, souvent empreinte d’une profonde poésie, proposée par des interprètes de grande qualité. Mais cela est devenu une telle habitude que cela ne surprend plus personne. Il ne nous reste plus qu’à attendre l’année 2020 et la septième édition du Festival !